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<p>En 2022, d&#39;importants organismes de prêt centralisés sont tombés comme des dominos, tandis que les protocoles de prêt décentralisés ont continué à fonctionner sans problème. Si le prêt décentralisé présente ses propres défis en matière de risque lié aux contrats intelligents et de conception économique, le prêt centralisé fait face à des risques encore plus importants en matière de partialité humaine et d&#39;opacité. En vue de l&#39;absence de confiance dans un système décentralisé, les prêts doivent fondamentalement être abordés avec prudence.</p><p>L&#39;objectif premier d&#39;un protocole de prêt décentralisé doit être de préserver la sécurité des actifs des utilisateurs. Son deuxième objectif est d&#39;augmenter le solde des actifs des fournisseurs. Compound y parvient en suivant quelques règles : Ne prêter des actifs fournis qu&#39;à des emprunteurs surcollatéralisés, encourager la liquidité avec des taux d&#39;intérêt algorithmiques et fortement encourager la liquidation des positions proches de l&#39;insolvabilité. Cela semble facile, peut-être limitatif, mais c&#39;est efficace. Les grandes entreprises qui ont fait faillite en 2022 n&#39;ont pas suivi ces préceptes.</p><h2 id="header-0">Laissez le code décider</h2><p>Dans un système on-chain, permissionless et décentralisé, il n&#39;y a pas de procédure de recouvrement judiciaire pour récupérer les actifs d&#39;un emprunteur défaillant. Les emprunteurs peuvent être des adresses anonymes sur la blockchain, ou même des contrats intelligents sans propriétaire ni entité physique.</p><p>Pour garantir une valeur non négative d&#39;un prêt, une partie (autre que le prêteur) doit être incitée à le rembourser. L&#39;emprunteur doit être correctement incité à clôturer sa position, ou le prêteur doit avoir le droit de la clôturer pour lui par le biais de la liquidation et de récupérer l&#39;intégralité du solde.</p><p>Ces conditions préalables sont appliquées dans le code du protocole Compound, qui fonctionne de manière autonome et est open source. On ne peut pas négocier avec le code. Son mode de fonctionnement et de prise de décision est entièrement transparent. Cela permet aux emprunteurs et aux prêteurs de connaître les règles et de décider s&#39;ils veulent participer. Toute modification du code doit passer par un processus de gouvernance conservateur. Le processus de gouvernance comprend un verrouillage temporel, de sorte que si un participant n&#39;est pas d&#39;accord avec un changement de règle à venir, il dispose de suffisamment de temps pour quitter le protocole. Le code ne prend pas de décisions arbitraires, ne souffre pas de la partialité humaine (comme la décision de liquider ou non vos meilleurs clients), ne se laisse pas emporter par les tendances (et ne fait pas de prêts risqués sous-collatéralisés).</p><p>Cette rigidité, transparence et autonomie ont prouvé leur valeur, surtout cette année, car elles contrastent fortement avec les bureaux de prêt centralisés brisés qui opèrent en crypto. Il est intéressant de noter que Celsius, Three Arrows Capital et Alameda ont tous fermé leurs positions sur Compound (et d&#39;autres protocoles DeFi) avant de déposer le bilan. Ces sociétés ne pouvaient pas demander à ces protocoles de changer les règles par le biais d&#39;une procédure de faillite, et ce faisant, ils ont débloqué plus de valeur pour eux-mêmes (en raison de la surcollatéralisation) qu&#39;ils n&#39;en ont remboursé. Leurs contreparties centralisées n&#39;ont pas eu cette chance, et il faudra des années pour démêler leurs relations devant les tribunaux.</p><h2 id="header-1">Soyez surcollatéralisés</h2><p>La surcollatéralisation semble simple : détenir une valeur de garantie supérieure à la valeur du prêt. La possession physique d&#39;un collatéral est nécessaire lors de l&#39;exécution d&#39;un contrat intelligent décentralisé, puisque ce dernier ne peut pas faire de suppositions sur la confiance accordée à l&#39;emprunteur ou aller au tribunal pour un recouvrement supplémentaire. Lorsque les sociétés de CeFi en faillite ont accordé leurs prêts, elles pensaient que l&#39;emprunteur leur paierait au moins ce qu&#39;il leur devait (avec un peu de chance). En utilisant des ressources non disponibles pour les contrats intelligents, des humains ont déterminé qu&#39;un prêt était sûr et ont envoyé les actifs de leur utilisateur à l&#39;emprunteur. Entre le moment de l&#39;octroi du prêt et aujourd&#39;hui, ces humains semblent avoir eu tort.</p><p>Les décideurs humains peuvent notamment évaluer les emprunteurs en examinant leur réputation de fiabilité et de réussite financière. Le dépôt de bilan ruine instantanément cette réputation. Lorsqu&#39;un débiteur devient insolvable, sa réputation en prend un coup. Si la réputation est fondée sur la possession d&#39;actifs, il est préférable de traiter les actifs comme une garantie directement, plutôt que de croire à la fois à la réputation et aux actifs. Il est également possible que plusieurs de ces prêteurs tiennent compte de la réputation supposée ou de la simple connaissance des actifs du débiteur plutôt que de détenir eux-mêmes la garantie. Prendre la réputation comme une garantie pour un prêt devient une sorte de double comptage.</p><p>Un autre moyen de mal valoriser les collatéraux est d&#39;ignorer ce qu&#39;il se passera lorsque vous aurez besoin de les vendre. Le prix au comptant d&#39;un actif peut se dégrader rapidement lors de la vente en grandes quantités. Le moment de vendre un actif pour le liquider coïncide souvent avec une baisse du prix de l&#39;actif. Cela rend l&#39;évaluation optimiste des garanties en période de stabilité ou de marché haussier encore plus dangereuse. Les protocoles DeFi doivent rigoureusement en tenir compte en raison de l&#39;extrême volatilité des prix des crypto-actifs. Compound utilise des facteurs collatéraux pour déterminer la capacité d&#39;emprunt des actifs en fonction de la volatilité de l&#39;actif et de la force du marché. Des tiers (tels que Gauntlet) effectuent des simulations numériques à l&#39;aide de données historiques et des pires scénarios pour déterminer les paramètres de risque du protocole par le biais de la gouvernance on-chain.</p><p>Les prêteurs sont aussi tombés dans le piège en attachant leur destin à celui de leurs emprunteurs. Il est tentant de laisser croître la taille d&#39;un seul emprunteur ou d&#39;un emprunt contre un seul type de garantie afin de récolter des paiements d&#39;intérêts plus importants. Dans le cas d&#39;Alameda / FTX, les sociétés étaient tellement imbriquées qu&#39;il n&#39;y avait aucune motivation pour liquider les prêts d&#39;Alameda sur FTX. On peut parler d&#39;une volonté de conserver ce qu&#39;ils pensaient être une relation lucrative, mais ce parti pris humain malavisé (ainsi que de nombreux autres facteurs) a finalement conduit à l&#39;insolvabilité des deux sociétés. Il ne s&#39;agit peut-être pas seulement d&#39;une partie amicale que le prêteur ne veut pas liquider, mais d&#39;un type particulier de garantie que le prêteur hésite à vendre. Si un prêteur prend pour collatéral un actif dans lequel il a lui-même un intérêt, il peut être réticent à vendre ce dernier, de peur de compromettre sa propre position. Les programmes informatiques qui ne différencient pas leur relation avec un emprunteur ou un actif d&#39;un autre n&#39;ont pas ce problème.</p><h2 id="header-2">La suite</h2><p>Les principaux atouts de la gestion des risques de DeFi sont sa transparence et la rigidité qu&#39;elle applique pour évaluer les participants de manière égale. Un protocole DeFi peut prendre des décisions erronées en matière de gestion des risques lors du lancement ou de la gestion courante d&#39;une DAO, tout aussi facilement qu&#39;une entreprise centralisée, mais ses défauts sont mis à nu dès le premier jour. Quand on élabore des solutions purement algorithmiques et que l&#39;on s&#39;appuie sur un code fonctionnant 24/7, sans intervention humaine, les préjugés personnels (comme faire confiance à la mauvaise contrepartie en raison de la proximité personnelle) n&#39;existent pas. Si un défaut de conception ouvre le risque de liquidation d&#39;une position trop importante, alors la transparence d&#39;un protocole DeFi signifie que les utilisateurs ont la possibilité d&#39;éviter son utilisation et d&#39;encourager une solution, plutôt que de se dire que tout va bien derrière les portes fermées.</p><p>Les prêteurs décentralisés et centralisés sont confrontés à des défis de gestion semblables, mais les protocoles décentralisés sont plus transparents par défaut et ne font pas de favoritisme. Le prêt décentralisé a eu la chance de pouvoir compter sur un protocole on-chain qui, dès le départ, réduit les chances de s&#39;égarer. Les meilleurs prêteurs centralisés iront au-delà des minimums requis par la réglementation et apporteront les leçons de DeFi au monde réglementé. Les entreprises qui ont fait faillite l&#39;année dernière connaissaient peut-être déjà ces leçons au fond d&#39;elles-mêmes, mais elles ont pris des risques démesurés, en partie à cause du manque de transparence et de discrétion humaine. Les prêteurs centralisés ont l&#39;opportunité de tirer les leçons des succès de la DeFi. Être transparent, robotique, s&#39;affranchir de la discrétion et surtout : ne pas perdre les actifs des utilisateurs.</p>

Le Playbook Crypto CMC 2023 : Gestion de risque de prêt centralisé vs. décentralisé ; les leçons apprises avec Compound Labs

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